Les professionnels de la route ne cachent pas leur frustration quant aux aides exceptionnelles qui leur sont accordées par le gouvernement. Alors qu’ils réclamaient une augmentation des montants de ces aides, ils ont appris par un communiqué du ministère du Transport et de la logistique le lancement d’une cinquième opération d’aide directe aux professionnels, dont les montants correspondent à ceux initialement fixés.

Le secteur du transport routier vit toujours au rythme des revendications adressées au gouvernement pour pallier l’impact de la flambée des prix du carburant sur les activités des transporteurs. En effet, dans un communiqué rendu public il y a quelques jours, la coordination nationale rassemblant les syndicats de transport routier de marchandises affiliés à la Confédération démocratique du travail (CDT), l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), a appelé le gouvernement à ouvrir la plateforme «Mouakaba» aux professionnels afin qu’ils puissent s’inscrire pour bénéficier d’une cinquième tranche de l’aide exceptionnelle qui leur est accordée et à la revaloriser, étant donné que les prix des carburants demeurent très élevés.

Cependant, et après avoir décidé d’augmenter de 40% le montant de l’aide financière directe allouée aux professionnels de la route dans le cadre de la quatrième vague de cette aide, l’Exécutif a annoncé par l’intermédiaire du département de tutelle le lancement d’une cinquième opération d’aide, mais avec des montants équivalents à ceux qui étaient fixés au début.

En guise de rappel, le gouvernement avait décidé fin mars dernier d’accorder une subvention de 2.200 dirhams pour les grands taxis, 1.600 dirhams pour les petits taxis, 1.800 dirhams pour les véhicules de transport mixte dans le monde rural, 7.000 dirhams pour les autocars intervilles, 6.200 dirhams pour les autobus, 2.800 dirhams pour les autocars de première série, 1.400 dirhams pour les minibus de deuxième série et 1.000 dirhams pour les véhicules de troisième série (TGR/TLS), 1.000 dirhams pour les véhicules de dépannage, 2.600 dirhams pour les camions dont le PTAC (Poids total autorisé en charge) est supérieur à 3,5 tonnes et inférieur à 14 tonnes, 3.400 dirhams pour les camions dont le PTAC est compris entre 14 et 19 tonnes, 4.200 dirhams pour les camions dont le PTAC est supérieur à 19 tonnes, 6.000 dirhams au profit des tracteurs routiers et 1.200 dirhams pour le transport du personnel et scolaire (ce dernier n’est pas concerné par cette nouvelle opération en raison de l’arrêt de la scolarité pendant les vacances d’été, précise le communiqué du ministère du Transport et de la logistique). Cependant, et ainsi que l’ont soulevé les professionnels, le montant de cette aide a été fixé à un moment où le prix du diesel tournait autour de 12 dirhams le litre. Ces derniers ont donc constamment insisté pour que le montant de cette aide soit augmenté depuis sa mise en place, étant donné que le prix du diesel a continué sur sa lancée.

À cet égard, le secrétaire général du Syndicat national des transports routiers de marchandises (affilié à l’UNTM), a indiqué dans une déclaration au «Matin» que les professionnels ont été fort étonnés d’apprendre que le gouvernement a décidé de revenir aux montants initialement prévus pour les aides, alors qu’ils en demandaient plutôt une majoration. Mustapha El Karkouri a également souligné que les transporteurs routiers ont toujours plaidé en faveur de solutions réelles, telles que le plafonnement des prix des carburants et la réduction des marges bénéficiaires des distributeurs, qui, si elles ne sont pas considérées comme illégales, sont au moins scandaleuses. Le syndicaliste a également rappelé que la coordination nationale réunissant les trois syndicats réitère son appel à l’ouverture d’une enquête sur l’existence d’une structure quasi monopolistique dans le secteur des hydrocarbures.

Le secrétaire général de l’Organisation démocratique des transports et de la logistique multimodale (ODTL), Mustapha Chaoune, a pour sa part déclaré au «Matin» que cette cinquième vague d’aide financière était attendue par les professionnels de la route, compte tenu des prix des carburants qui demeurent très élevés et ne sont pas près de retrouver leur niveau d’avant-guerre en Ukraine. Cependant, poursuit M. Chaoune, «il ressort du communiqué du ministère du Transport et de la logistique que le gouvernement a fait marche arrière sur l’augmentation de 40% qui avait été décidée lors de la quatrième vague». Ceci, ajoute le syndicaliste, s’ajoute au fait que plusieurs problèmes liés à cette aide n’ont pas été réglés, dont celui concernant le nombre de véhicules qui ont bénéficié de cette aide, à savoir 134.000 sur les 180.000 visés, comme l’a indiqué le ministre délégué auprès du Chef du gouvernement chargé des Relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, Mustapha Baïtas. «Il y a lieu de s’interroger sur la situation des professionnels qui n’ont jamais bénéficié de cette aide depuis son lancement», fait observer M. Chaoune.  Et de souligner : «nous, au sein de l’ODTL, nous accueillons favorablement cette nouvelle décision prise par le gouvernement de maintenir cette aide exceptionnelle pour la cinquième fois, mais nous demandons aux départements concernés de se saisir rapidement des réclamations des très nombreux professionnels qui sont toujours en attente de bénéficier de cette aide pour la première fois depuis son annonce le 23 mars dernier».

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